PropriĂ©taire/ Exploitant : EDF Hauteur : 15,4 m Volume de la retenue : 1500 milliers de mÂł RiviĂšre : SELUNE Type Barrage : Multi-voĂ»tes Longueur : 125 m AnnĂ©e de mise en service : 1919 Surface de la retenue : 30 ha Surface du bassin versant : 750 kmÂČ Altitude de la crĂȘte : 29,22 m Usage(s) : HydroĂ©lectricitĂ© / Alimentation en eau / Loisirs Latitude: 48.6061111111111
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lacartificiel du sud manche !lac de la roche qui boit !
Les auteurs remercient les deux relecteurs anonymes pour l’ensemble de leurs suggestions et conseils. Cet article s’appuie sur un Ă©tat des lieux rĂ©alisĂ© au cours de l’hiver 2013/2014 dans le cadre de l’ANR REPPAVAL Resp. R. Barraud et Germaine. Dans un territoire en pleine transformation, ces recherches se poursuivent dans le cadre du programme de suivi scientifique de l’arasement des barrages de la SĂ©lune financĂ© par l’AESN Resp. BagliniĂšre, Volet socio-gĂ©ographique Resp. Germaine. 1Durant la seconde moitiĂ© du 20Ăšme siĂšcle, la lĂ©gislation française a promu des outils territorialisĂ©s pour rĂ©soudre les conflits et enjeux liĂ©s Ă  l’eau. StructurĂ©es autour de trois polaritĂ©s majeures – l’économie, le territoire et l’environnement – constituant les piliers du dĂ©veloppement durable, les politiques de l’eau prĂ©sentent un caractĂšre intĂ©grateur leur permettant de dĂ©passer le strict cadre sectoriel de la gestion de la ressource pour intĂ©grer les problĂ©matiques de dĂ©veloppement elles tendent ainsi Ă  devenir un Ă©lĂ©ment fĂ©dĂ©rateur pour les acteurs locaux et Ă  assurer une relative mise en cohĂ©rence des politiques liĂ©es Ă  l’eau et Ă  l’amĂ©nagement » Ghiotti, 2006, p. 13. L’évolution rĂ©cente du contexte rĂ©glementaire tend cependant Ă  marquer un tournant en considĂ©rant les cours d’eau et vallĂ©es associĂ©es comme des infrastructures naturelles » Germaine et Barraud, 2013a. La Directive Cadre sur l’Eau DCE, 2000 et la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques LEMA, 2006 tĂ©moignent en effet d’un nouveau paradigme de gestion des cours d’eau guidĂ© par les principes de gestion Ă©cologique et de restauration physique visant Ă  restituer la dynamique fluviale considĂ©rĂ©e comme garante de la diversitĂ© biologique Malavoi et Bravard, 2010. Sur le terrain, on assiste Ă  une multiplication des opĂ©rations de restauration, dont la plus emblĂ©matique consiste Ă  araser les ouvrages en travers identifiĂ©s comme des obstacles Ă  la circulation des poissons migrateurs et au transit sĂ©dimentaire Germaine et Barraud, 2013a. 1 Il s’agit des enjeux de l’ANR JC REPPAVAL R. Barraud et Germaine dans le cadre de laquelle ... 2Ces opĂ©rations de restauration Ă©cologique suscitent souvent de vives rĂ©actions Ă  l’échelon local dans la mesure oĂč elles modifient la configuration du paysage familier de la riviĂšre et peuvent aussi perturber les usages et modalitĂ©s de gestion en place Germaine et Barraud, 2013a et b. Alors que le concept rĂ©cent de biodiversitĂ© se transcrit de maniĂšre croissante et Ă  toutes les Ă©chelles de l’amĂ©nagement du territoire dans les documents de planification et d’urbanisme, notamment Ă  travers l’essor des projets de trames verte et bleue Franchomme et al., 2013, les cours d’eau de l’Ouest de la France offrent un terrain d’étude riche pour analyser les difficultĂ©s de mĂȘler conservation de la biodiversitĂ© et dĂ©veloppement local dans des territoires ordinaires1. Le vaste chantier entamĂ© pour rĂ©tablir la continuitĂ© Ă©cologique des riviĂšres est rarement envisagĂ© sous cet angle mais plutĂŽt analysĂ© Ă  travers le prisme des seuls enjeux Ă©cologiques. Cet article a pour but d’examiner dans quelle mesure les opĂ©rations conduites au titre de la restauration de la biodiversitĂ© peuvent ou non constituer un moteur pour la formulation d’un projet de territoire. Cette question dĂ©veloppĂ©e Ă  partir de l’étude de deux barrages hydroĂ©lectriques situĂ©s Ă  quelques kilomĂštres de la Baie du Mont Saint Michel et dont la vidange doit dĂ©buter en 2015, permet d’analyser les processus de construction d’un agir ensemble » dĂ©veloppĂ©s au fil du temps pour gĂ©rer les ressources environnementales disponibles Mermet et Berlan-DarquĂ© dir, 2006. 3Nous proposons d’emprunter les approches de la thĂ©orie de l’acteur-rĂ©seau Latour, 1999 en mettant au centre de notre travail un objet hybride » – les barrages, le cours d’eau et les lacs associĂ©s – et les rĂ©seaux d’acteurs qui se sont progressivement constituĂ©s autour de leur valorisation et de la question de leur devenir. Pour comprendre le contexte, il nous paraĂźt nĂ©cessaire de reconstituer les trajectoires de ces objets et l’émergence des diffĂ©rents acteurs en prĂ©sence. En effet, elles rĂ©vĂšlent la constitution progressive de rĂ©seaux aujourd’hui confrontĂ©s Ă  la construction d’un nouveau projet de territoire. L’analyse de la scĂšne de concertation contemporaine s’appuie sur la mĂ©thodologie des itinĂ©raires de concertation Beuret et al., 2006 ; Beuret, 2011 qui permet de dĂ©crire l’état initial et d’identifier les blocages, les interruptions et les Ă©preuves traversĂ©es au cours du dialogue. Ainsi, l’objectif est de saisir comment se nouent les problĂ©matiques environnementales, les dimensions spatiales et les projets de territoire, Ă  partir de l’étude d’un projet d’ampleur inĂ©dite, rĂ©vĂ©lateur des dimensions territoriales de la gestion de la biodiversitĂ©. AprĂšs avoir prĂ©sentĂ© le terrain d’étude et la mĂ©thode mobilisĂ©e, les vocations successives de la vallĂ©e, depuis l’exploitation Ă©nergĂ©tique des barrages jusqu’à la dĂ©cision d’arasement, sont prĂ©sentĂ©es. Puis, l’émergence d’une nouvelle scĂšne de concertation en lien avec le projet environnemental nous conduira Ă  nous interroger sur les relations entre les acteurs, les diffĂ©rents niveaux gĂ©ographiques convoquĂ©s et la difficile construction d’un projet de territoire toujours en cours. 1. La vallĂ©e de la SĂ©lune théùtre d’une opĂ©ration d’arasement d’ampleur inĂ©dite en Europe 2 CommuniquĂ© de presse du cabinet de la secrĂ©taire d’État chargĂ©e de l’écologie ... 4À l’issue du Grenelle de l’environnement, le MinistĂšre de l’écologie a lancĂ© le 13 novembre 2009 un ambitieux programme pour la restauration de la continuitĂ© Ă©cologique des cours d’eau. À cette occasion, C. Jouanno, secrĂ©taire d’État chargĂ©e de l’écologie, a annoncĂ© le non renouvellement de la concession du barrage hydroĂ©lectrique de Vezins implantĂ© dans le Sud Manche2. Quelques mois plus tard, alors qu’une solution alternative est actĂ©e pour prĂ©server le barrage de PoutĂšs-Monistrol sur l’Allier pourtant objet de virulentes campagnes rĂ©clamant son effacement WWF, Dam Right !, la Convention pour une hydroĂ©lectricitĂ© durable 2010 rĂ©affirme l’effacement de Vezins auquel s’ajoute celui du barrage de la Roche-qui-Boit situĂ© immĂ©diatement en aval. 3 Ibid. 5PremiĂšre opĂ©ration de cette ampleur en Europe, ce chantier se distingue par les dimensions des ouvrages affectĂ©s 36 m de haut pour Vezins et 16 m pour la Roche-qui-Boit. MĂȘme aux États-Unis oĂč la politique la plus active en matiĂšre d’effacement d’ouvrages hydrauliques est menĂ©e, seuls 15 des 600 ouvrages supprimĂ©s depuis 1999 dĂ©passent 10 m de haut Germaine et Lespez, 2012. Le chantier Ă  venir rĂ©side Ă©galement dans la reconversion d’une grande partie de la vallĂ©e libĂ©rĂ©e des rĂ©servoirs. En effet, les barrages de Vezins et la Roche-qui-Boit affectent respectivement 17 et 4 km du linĂ©aire situĂ© Ă  l’amont aujourd’hui ennoyĂ© par des retenues d’eau de 185 et 30 hectares Figure 1b. Le caractĂšre emblĂ©matique de l’opĂ©ration est renforcĂ© par le fait qu’elle concerne une riviĂšre qui se jette dans la Baie du Mont Saint-Michel Figure 1a, haut lieu du tourisme et de la biodiversitĂ©, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, mais aussi siĂšge d’activitĂ©s sensibles Ă  la qualitĂ© de l’eau ostrĂ©iculture, conchyliculture, pĂȘche. Enfin, il s’agit d’un des principaux sites de capture du saumon atlantique en France dont la population pourrait ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e par l’ouverture de surfaces en radier favorables Ă  l’installation de frayĂšres sur les deux tiers amont du linĂ©aire DRIEE IDF, 2011. Conduit conjointement par l’État et EDF, propriĂ©taires des barrages, le dĂ©mantĂšlement est pilotĂ© par le PrĂ©fet de la Manche auquel l’État a dĂ©lĂ©guĂ© cette mission avec l’impĂ©ratif qu’elle constitue un vĂ©ritable plan de mise en valeur de la vallĂ©e » et vise l’excellence environnementale tout en intĂ©grant les facteurs de dĂ©veloppement locaux »3. Figure 1. Les barrages hydroĂ©lectriques de la vallĂ©e de la SĂ©lune Document rĂ©alisĂ© par Germaine, juin 2013. Carte produite d'aprĂšs les SPOT 5 CNES, photographies aĂ©riennes de l'IGN pas de donnĂ©es pour la partie Ille-et-Vilaine et Mayenne 2. MĂ©thodologie 4 Voir sur le site de la DDTM de la Manche ... 6Notre travail a consistĂ© Ă  analyser les actants en prĂ©sence personne, objet ou organisation en repĂ©rant leurs intĂ©rĂȘts et leur place dans les rĂ©seaux se constituant. Pour cela, deux grands types de sources ont Ă©tĂ© mobilisĂ©es 1 les documents institutionnels qui fixent Ă  diffĂ©rentes Ă©chelles les orientations de valorisation de la vallĂ©e et/ou de gestion des problĂ©matiques environnementales et 2 les discours qui ont accompagnĂ© ces dĂ©cisions, abordĂ©s via la presse quotidienne rĂ©gionale Ouest-Éclair devenu Ouest-France aprĂšs 1945 et des entretiens menĂ©s auprĂšs des acteurs clefs. La scĂšne contemporaine a Ă©tĂ© abordĂ©e de l’intĂ©rieur via notre participation, de janvier 2011 au dĂ©but de l’annĂ©e 2013, Ă  l’élaboration pour la Direction DĂ©partementale du Territoire et de la Mer DDTM de la Manche du SchĂ©ma de DĂ©veloppement Durable de la vallĂ©e de la SĂ©lune aux cĂŽtĂ©s d’un groupe de bureaux d’étude pilotĂ© par Etheis Conseil4. Deux sĂ©ries d’ateliers ont Ă©tĂ© organisĂ©es la premiĂšre avec des usagers et Ă©lus a alimentĂ© le diagnostic de territoire environ 150 participants sur 6 ateliers thĂ©matiques tandis que la seconde rĂ©servĂ©e aux techniciens a participĂ© Ă  la construction d’un plan d’actions environ 90 participants sur 6 ateliers thĂ©matiques. C’est donc dans ce contexte que nous avons pu observer le positionnement des diffĂ©rents acteurs ainsi que l’argumentaire dĂ©veloppĂ© par chacun d’entre eux, et identifier les blocages et difficultĂ©s de faire Ă©merger un projet de territoire partagĂ© Ă  partir d’une opĂ©ration Ă©cologique. 7La scĂšne de concertation contemporaine a Ă©tĂ© analysĂ©e Ă  partir de ce corpus en nous inspirant des travaux de Beuret 2011. Elle est reprĂ©sentĂ©e sous la forme d’un arbre composĂ© d’une graine correspondant Ă  un Ă©vĂšnement, plus ou moins clairement identifiĂ© par les protagonistes, qui fait Ă©merger l’objet de la concertation ; de racines reprĂ©sentant le rĂ©seau de participants mobilisĂ©s dans le dialogue. Les acteurs son regroupĂ©s en grandes catĂ©gories – Ă©lus, agriculteurs par exemple – occupant une mĂȘme position par rapport aux processus enquĂȘtĂ©s et explicitement identifiĂ©s par les enquĂȘtĂ©s ; d’un tronc central renvoyant Ă  la mise en place d’un dialogue appuyĂ© sur l’identification d’un langage et de valeurs communs ; de branches prĂ©sentant les Ă©largissements de la scĂšne de concertation Ă  d’autres acteurs ou d’autres sphĂšres ; et enfin, de fruits qui sont les rĂ©sultats concrets du dialogue. 8Pour la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant la vidange de 1993, nous proposons de reconstruire la scĂšne de concertation mĂȘme si les investigations menĂ©es ne permettent encore pas d’avoir un aussi bon niveau de connaissance que pour la situation contemporaine. En revanche, le corpus collectĂ© a permis de reconstituer prĂ©cisĂ©ment la succession des vocations attribuĂ©es au territoire depuis la construction des barrages. 3. De l’exploitation Ă©nergĂ©tique au dĂ©veloppement touristique 9À partir de la mise en place de l’exploitation Ă©nergĂ©tique de la riviĂšre, la trajectoire du bassin de la SĂ©lune est rythmĂ©e par trois phases renvoyant Ă  des projets distincts Figure 2. Figure 2. Chronologie des vocations successives de la vallĂ©e de la SĂ©lune Le temps de l’exploitation Ă©nergĂ©tique et des mesures compensatoires 10Les barrages de la Roche-qui-Boit et de Vezins ont Ă©tĂ© construits dans l’entre-deux-guerres par la sociĂ©tĂ© des Forces Motrices de la SĂ©lune. ExploitĂ©s par EDF depuis 1946, ils fournissent une production annuelle de 27 GWh, soit l’équivalent de la consommation d’une ville de 15 000 habitants ou 1/1 000Ăšme de ce que fournit la centrale nuclĂ©aire de Flamanville mise en service en 1985-1986 dans le mĂȘme dĂ©partement. AccordĂ©e en 1914, la concession du barrage de la Roche-qui-Boit est associĂ©e Ă  la distribution de la lumiĂšre et l'Ă©nergie Ă©lectrique » qui transformera graduellement notre pays et favorisera grandement l'expansion commerciale et industrielle » Ouest-Éclair, 10/04/1914. L’arrivĂ©e de la distribution d’électricitĂ© en juillet 1920 est l’occasion de festivitĂ©s la ville d’Avranches illuminĂ©e pour la premiĂšre fois Ă  l’électricitĂ© par les forces de la SĂ©lune » avec plus de 300 lampes [qui] orneront l’hĂŽtel de Ville et les monuments publics » Ouest-Éclair, 10/07/1920. Un an plus tard, les Forces Motrices de la SĂ©lune dĂ©posent une demande de concession pour installer une usine hydroĂ©lectrique en amont, Ă  Vezins, dans le but de satisfaire la demande croissante et d’alimenter en Ă©lectricitĂ© l’industrie de la chaussure de FougĂšres. Le barrage est mis en service en 1932 aprĂšs trois annĂ©es de chantier. Conçu par l’ingĂ©nieur A. Caquot, il est huit fois plus puissant que celui de la Roche-qui-Boit. Ce dernier sert depuis de bassin de dĂ©modulation des Ă©clusĂ©es gĂ©nĂ©rĂ©es par l’usine de Vezins. 11Les barrages tout autant que les usines hydroĂ©lectriques associĂ©es semblent tout d’abord synonyme de progrĂšs et de modernitĂ©. Ils constituent une attraction Ă  part entiĂšre au moment de leur construction. Les dĂ©tails techniques et la foule de chiffres fournis par les guides touristiques et les articles recensĂ©s dans la presse locale attestent de l’intĂ©rĂȘt que suscitent ces rĂ©alisations qualifiĂ©es de titanesques » Ouest-Éclair, 4/11/1931, de travaux merveilleux et inimaginables, accompagnĂ©s des perfectionnements les plus modernes », de merveille que l'on ne trouve que rarement et qui montre le degrĂ© Ă©levĂ© du gĂ©nie de l'homme » Ouest-Éclair, 29/08/1933. Des excursions en autocar sont organisĂ©es pour se rendre Ă  la Roche-qui-Boit, et Ă  compter de juin 1932, la Compagnie des Chemins de fer normands met en circulation un autobus assurant, depuis Granville et Avranches, l’excursion Ă  la vallĂ©e de la SĂ©lune afin d’effectuer la visite du barrage et de l’usine de Vezins qui figurent sur de nombreuses cartes postales d’époque. 5 Nom du tacon de saumon sauvage au moment oĂč il a atteint la maturitĂ© nĂ©cessaire pour effectuer la m ... 6 Le fondement lĂ©gislatif de ce classement est la loi du 29 juin 1984 sur la pĂȘche en eau douce et la ... 12Les dĂ©sagrĂ©ments liĂ©s aux ouvrages semblent minimisĂ©s par le progrĂšs apportĂ© L'Ă©lectrification de nos riches campagnes normandes est Ă  l'ordre du jour, et il est loin le temps oĂč certains vieux paysans, braconniers de l'Avranchin, voulaient faire sauter le barrage de retenue des eaux, sous le fallacieux prĂ©texte qu'elles Ă©taient moins poissonneuses » Ouest-Éclair, 26/07/1932. Cependant, entre la demande dĂ©posĂ©e en 1920 et l’accord de la concession de Vezins donnĂ© en 1927, un dĂ©cret de classement des cours d’eau normands paru en fĂ©vrier 1924 dĂ©finit l’obligation d’assurer la libre circulation des poissons, via l’installation d’échelles Ă  poissons, sur cette partie de la SĂ©lune art. MalgrĂ© les protestations des pĂȘcheurs et une prise en compte prĂ©coce des impacts des barrages sur les populations piscicoles, la concession est pourtant accordĂ©e puis renouvelĂ©e. Des mesures compensatoires sont en revanche instaurĂ©es. En 1927, lors de l’amĂ©nagement de la chute de Vezins, le MinistĂšre des travaux publics rĂ©clame pour compenser les difficultĂ©s que la prĂ©sence du barrage apportera aux migrations du poisson et le dĂ©peuplement qui peut en ĂȘtre la consĂ©quence, [que] le concessionnaire fourni[sse] chaque annĂ©e des alevins dont les espĂšces et les quantitĂ©s seront indiquĂ©es par ce service, sans que toutefois la dĂ©pense correspondant Ă  cette fourniture puisse dĂ©passer la somme de 1 000 Francs » art. 7. En 1978, le Conseil SupĂ©rieur de la PĂȘche commande une Ă©tude Ă  l’Institut National d’Agronomie pour tenter de dĂ©terminer les dommages causĂ©s par les barrages aux populations de saumons atlantiques Porcher, 1978. Celle-ci conclut que l’infranchissabilitĂ© des barrages cause une perte de 20 000 smolts5/an la production nĂ©cessaire pour y remĂ©dier est alors estimĂ©e entre 60 000 et 80 000 smolts d’élevage/an. En 1991, l’exploitation des barrages devient illĂ©gale. En effet, elle est non conforme Ă  l’arrĂȘtĂ© du 2 janvier 19866 qui confirme le classement de 1924 et rappelle l’obligation pour l’État et EDF, propriĂ©taires des ouvrages, de rĂ©tablir la libre-circulation pour les poissons migrateurs. Ceux-ci disposaient d’un dĂ©lai de cinq ans pour se mettre aux normes. Les Ă©tudes menĂ©es n’ayant pas permis de trouver une solution technique pour Ă©quiper ces hauts ouvrages en bĂ©ton Ă  voutes multiples de dispositifs de franchissement, aucun amĂ©nagement n’a Ă©tĂ© conduit. Le temps de la valorisation touristique des lacs premiers regroupements intercommunaux 7 À titre d’exemple, plus d’une centaine de cabanons de pĂȘche ont Ă©tĂ© inventoriĂ©s aux bords des lacs. 13Au dĂ©but des annĂ©es 1930, les riverains redoutent qu’un certain nombre de repĂšres pont des Biards, ancien pont gallo-romain, 
 disparaissent lors de l’immersion des bords de la SĂ©lune en amont de Vezins alors en construction. La montĂ©e des eaux est donc scrutĂ©e avec inquiĂ©tude comme l’illustre un article paru le 26/02/1932 dans l’Ouest-Éclair intitulĂ© Notre vieux "perret" va-t-il ĂȘtre totalement submergĂ© ? » Figure 3. AprĂšs la construction, on se rend compte que la valorisation des prouesses techniques n’est nĂ©anmoins pas incompatible avec la prĂ©servation de la qualitĂ© du cadre puisque ces ouvrages sont, pour l'excursionniste, une agrĂ©able surprise en ce qu'au lieu de nuire Ă  la beautĂ© du paysage, ils s'harmonisent avec les charmes naturels d'un site dĂ©jĂ  embelli par la vaste nappe d'eau substituĂ©e au cours de la riviĂšre » Ouest-Éclair, 28/05/1931 et que ces modernes travaux ne dĂ©parent point les escarpements sauvages de la vallĂ©e de la SĂ©lune, demeurĂ©s trĂšs pittoresques » Ouest-Éclair, 26/07/1932. Progressivement, ce sont mĂȘme ces paysages, en particulier les lacs, qui vont retenir l’attention. Ainsi, l’édition 1956 543 des Guides Bleus vante au-delĂ  de la dĂ©couverte des ouvrages une nappe sinueuse de 30 Ă  300 m de largeur dans un cadre charmant de collines boisĂ©es ou rocheuses » tandis que le Guide Michelin 1953, p. 174 propose un itinĂ©raire offrant de jolis coups d’Ɠil sur ces lacs artificiels ». Les retenues d’eau deviennent un support de loisirs promenade en vedette et location de barques dĂšs les annĂ©es 1930, lieux de villĂ©giature7, 
 Le succĂšs est au rendez-vous puisqu’ Ă  la belle saison, les abords du barrage de Vezins sont trĂšs encombrĂ©s le dimanche » Guide Vert, 1953, p. 174. Figure 3. Extrait d’un article de l’Ouest-Éclair 26 FĂ©vrier 1932, p. 7 14Si le repĂ©rage du dĂ©clenchement de la vocation touristique des lacs demeure imprĂ©cis, les premiers tĂ©moignages montrent qu’elle existe dĂšs les annĂ©es 1930. Ainsi, la crĂ©ation des lacs peut bien ĂȘtre identifiĂ©e comme la graine. Elle favorise d’abord une reconversion de la pĂȘche locale vers les poissons d’eaux calmes et favorise l’émergence d’associations de pĂȘche attachĂ©es au lacs. Plus gĂ©nĂ©ralement, cet attrait se formalise en 1965 par une premiĂšre Ă©tude, qui prĂ©figure les synergies observĂ©es dans les annĂ©es 1980 entre les Ă©lus locaux, qui voient dans la valorisation des lacs un moyen de favoriser un tourisme de sĂ©jour en profitant de l’attractivitĂ© de la Baie du Mont Saint-Michel, et de l’essor du tourisme vert Figure 4. Les racines de ce rĂ©seau sont les Ă©lus riverains rejoints par des acteurs privĂ©s. Ainsi, les conseillers gĂ©nĂ©raux de BrĂ©cey, Ducey, Isigny-le-Buat, St-James, St-Hilaire-du-HarcouĂ«t et Mortain vont crĂ©er les premiers regroupements intercommunaux l’association pour le dĂ©veloppement des lacs et du bocage du Sud Manche qui dĂ©bouche en 1987 sur un Pays d’accueil touristique du sud Manche Figure 5. Profitant de l’essor du tourisme rural, leur ambition est d’établir une station verte sur le lac en mettant en avant la prĂ©sence de l’eau et un cadre naturel attractif village vacances, centre nautique, auberge de jeunesse, pistes d’équitation figurent parmi les amĂ©nagements Ă©voquĂ©s. Le projet sera plus modeste puisqu’il va consister Ă  transformer la base de La Mazure, simple cabane abritant des canoĂ«s installĂ©e au bord du lac de Vezins au milieu des annĂ©es 1970, en une vĂ©ritable base de loisirs. Le soutien financier de l’État et de la RĂ©gion permettent de l’équiper d’infrastructures d’hĂ©bergement gĂźtes, chalets, logements collectifs, camping et d’activitĂ©s tennis, aires de jeu, pontons, 
 pour accueillir groupes scolaires et clubs sportifs tout au long de l’annĂ©e. Avec 20 000 nuitĂ©es/an, la Mazure emploie 18 personnes Ă©quivalent temps plein en 2013. Le Syndicat intercommunal pour l’amĂ©nagement, le dĂ©veloppement et la promotion des lacs du Sud-Manche est alors créé pour permettre aux six communes propriĂ©taires de la Mazure d’assurer la gestion et les investissements nĂ©cessaires Ă  l’activitĂ© de la base entre 1989 et 1996, date Ă  laquelle la commune-canton d’Isigny-le-Buat devient seul propriĂ©taire. Les autres fruits de ce processus sont portĂ©s par des acteurs publics le Bel-Orient, village de 19 gĂźtes situĂ© au-dessus du lac de la Roche-qui-Boit 1 850 nuitĂ©es/an créé en 1980 par la commune de St-Laurent de Terregatte ; itinĂ©raire routier la route des lacs du Sud Manche » mais aussi privĂ©s parc de loisirs l’Ange Michel créé en 1991 au bord du lac de Vezins avec 90 000 entrĂ©es/an ; rĂ©ouverture en 2000 d’une guinguette au bord de la retenue de la Roche-qui-Boit, l’Autre CafĂ©, qui propose des manifestations culturelles diverses. La crĂ©ation, en 1993, de l’association des Amis du Barrage est Ă©galement identifiĂ©e comme un fruit de ce processus puisque celle-ci a vocation Ă  accompagner la mise en valeur des lacs. En 2000, une nouvelle branche est ajoutĂ©e Ă  l’arbre le dĂ©veloppement touristique devient une prĂ©rogative du Pays de la Baie du Mont Saint-Michel créé par la Loi Voynet Figure 4. Cette entitĂ© en charge de la rĂ©alisation de projets de dĂ©veloppement englobe une superficie beaucoup plus vaste et non circonscrite Ă  l’intĂ©rieur puisque de nombreuses communes littorales sont intĂ©grĂ©es Figure 5. 15D’aprĂšs l’ensemble des tĂ©moignages collectĂ©s, ce sont les activitĂ©s rĂ©crĂ©atives et le tourisme qui domine la scĂšne de concertation durant cette pĂ©riode mais il est possible que l’itinĂ©raire de concertation soit en rĂ©alitĂ© plus complexe. Au final, cette reconstitution permet d’identifier une grande partie du rĂ©seau d’acteurs confrontĂ©s depuis novembre 2009 Ă  la mise en Ɠuvre de la reconfiguration de la vallĂ©e que nous avons analysĂ© de maniĂšre plus approfondie. Figure 4. ItinĂ©raire de concertation pour la valorisation touristique des lacs Figure 5. Premiers regroupements intercommunaux autour du tourisme vert 4. Le projet environnemental et l’émergence d’une nouvelle scĂšne de concertation L’émergence de la gestion concertĂ©e de la crise Ă  la logique de bassin versant 16La vidange des deux lacs rĂ©alisĂ©e en avril 1993 Ă  l’occasion de la visite dĂ©cennale obligatoire de sĂ©curitĂ© ne perturbe pas la dynamique de dĂ©veloppement touristique. Au contraire, le Syndicat des Lacs promeut de multiples activitĂ©s expositions – plus de 1 000 visiteurs, visite des ouvrages – plus de 1 600 visiteurs, Ă©dition de 100 000 brochures, 
 accompagnĂ© par l’association des Amis du barrage créée Ă  l’occasion afin de maintenir la frĂ©quentation en ce dĂ©but de saison touristique. Un plan de circulation est mĂȘme amĂ©nagĂ© avec la prĂ©fecture afin de gĂ©rer l’affluence des visiteurs jusqu’à 3 000 voitures sont en effet comptĂ©es certains aprĂšs-midis. La vidange de Vezins, Ă©talĂ©e sur 15 jours afin d’éviter l’entrainement des sĂ©diments vers la Baie se dĂ©roule normalement mais des sĂ©diments obstruent les vannes du barrage de la Roche-qui-Boit qui a fait office de bac de dĂ©cantation lors des deux derniĂšres vidanges qui n’ont concernĂ© que Vezins. Le stock de sĂ©diments accumulĂ©s au pied du barrage auquel s’ajoutent des dĂ©chets multiples jetĂ©s Ă  la riviĂšre forment un bouchon. Lorsque celui-ci cĂšde, une quantitĂ© trĂšs importante de boue estimĂ©e Ă  200 000 tonnes est entraĂźnĂ©e vers l’aval avec des pointes de concentration atteignant 130 grammes par litre Suzanne dir., 1993. Quelques semaines plus tard, une crue inhabituelle pour la saison provoque le dĂ©pĂŽt d’une partie des boues dans le lit majeur de la riviĂšre tandis que le lit mineur reste, lui, colmatĂ© jusqu’à l’hiver 1993 entrainant l’anĂ©antissement des peuplements piscicoles sur la partie aval. Riverains, pĂȘcheurs et Ă©lus dĂ©noncent une riviĂšre morte », transformĂ©e en Ă©gouts ». Alors qu’aucune vidange n’a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e depuis, cet Ă©vĂšnement constitue un traumatisme toujours vif. 17QualifiĂ© de catastrophe Ă©cologique », il constitue en fait une crise environnementale qui remet en cause les pratiques de gestion Ă  l’Ɠuvre et leur organisation. Elle est explicitement identifiĂ©e par tous comme la graine d’un second itinĂ©raire de concertation Ă  la racine duquel se trouvent d’abord les Ă©lus Figure 7. Ces derniers refusent que la riviĂšre soit sacrifiĂ©e tous les 10 ans et cherchent une solution pour pĂ©renniser leurs efforts de mise en valeur de la vallĂ©e. Si des plaintes sont dĂ©posĂ©es contre EDF pour sa mauvaise gestion de la vidange, cet Ă©vĂ©nement conduit Ă  prendre conscience de dysfonctionnements plus larges responsables du dĂ©veloppement de cyanobactĂ©ries dans les plans d’eau et contraignent les usages d’alimentation en eau potable mais aussi la frĂ©quentation touristique interdiction de la baignade et des activitĂ©s nautiques. Le remembrement, l’intensification agricole, le dĂ©veloppement des Ă©levages hors-sol et l’augmentation des surfaces impermĂ©abilisĂ©es sont ainsi reconnus comme accĂ©lĂ©rant le transfert des sĂ©diments et polluants vers la riviĂšre. Les Ă©lus locaux se rĂ©unissent d’abord autour de l’enjeu liĂ© Ă  la qualitĂ© de l’eau potable dont les deux tiers proviennent des eaux de surface forte teneur en nitrates ils crĂ©ent l’association du bassin de la SĂ©lune de l’amont Ă  l’aval BS2A financĂ©e par les collectivitĂ©s productrices d’eau potable en 1996 Figure 7. Le tronc se renforce ensuite grĂące Ă  un nouvel outil, le SchĂ©ma d’AmĂ©nagement et de Gestion des Eaux SAGE, créé par la Loi de 1992 qui deviendra l’outil phare de la gestion intĂ©grĂ©e de l’eau Ă  l’échelle du bassin versant. PortĂ© par BS2A, il Ă©merge en 1997 et est un des premiers en France. Son pĂ©rimĂštre est arrĂȘtĂ© en septembre 1997 il s’étale sur 1 083 kmÂČ et concerne une population de 57 000 habitants Figure 5. RĂ©parti sur trois rĂ©gions, il est animĂ© par une instance de gouvernance institutionnelle rĂ©unissant usagers, reprĂ©sentants de l’État et collectivitĂ©s la Commission Locale de l’Eau CLE. Agriculteurs, pĂȘcheurs et associations de dĂ©fense de l’environnement rejoignent alors les Ă©lus dans la rĂ©flexion sur la mise en place d’un programme d’actions Ă  l’échelle du bassin versant. Parmi les reprĂ©sentants de l’État, l’Agence de l’Eau Seine-Normandie porte la parole la plus ambitieuse en termes de gestion de l’eau. EDF siĂšge d’abord dans le collĂšge des services de l’État mais n’est plus qu’associĂ©, sans pouvoir prendre part aux votes, aprĂšs son changement de statut fin 2004. Le SAGE est aujourd’hui portĂ© par le Syndicat Mixte du bassin de la SĂ©lune créé en 2010 et dĂ©veloppe de nombreuses actions en faveur de l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de l’eau. DĂ©but 2013, une ramification s’est opĂ©rĂ© avec l’Inter-SAGE de la Baie du Mont Saint Michel qui fĂ©dĂšre les structures porteuses des 4 SAGE concernĂ©s par la Baie afin de favoriser la mise en cohĂ©rence des politiques menĂ©es aussi bien sur le bassin versant que sur le littoral et en mer. 8 Un d’entre eux quitte la salle refusant les propositions soumises lors du second vote. 9 Une premiĂšre sĂ©rie de rĂ©unions publiques est organisĂ©e Ă  l’occasion des Ă©lections lĂ©gislatives en f ... 18DĂšs la rĂ©daction de l’état des lieux du bassin versant, le devenir des barrages est posĂ© une commission thĂ©matique spĂ©cifique est créée dĂšs 2001. L’opportunitĂ© de renouveler la concession des barrages, dont la fin est prĂ©vue en 2007, est posĂ©e en parallĂšle par l’État Ă  la CLE le SAGE doit remettre un avis au prĂ©fet mĂȘme si c’est le ministĂšre de tutelle qui dĂ©cidera in fine. Par ailleurs, le SDAGE Seine-Normandie demande impĂ©rativement de restaurer les axes migrateurs sur les riviĂšres comme la SĂ©lune conformĂ©ment aux textes rĂ©glementaires en vigueur. Afin de dĂ©terminer les avantages et inconvĂ©nients du maintien des barrages, la commission commande une sĂ©rie d’études d’abord centrĂ©es sur l’impact environnemental, puis sur les enjeux socio-Ă©conomiques et le tourisme. À partir de 2003, le SAGE entre dans la phase d’élaboration de sa stratĂ©gie devant dĂ©boucher sur la dĂ©finition d’un plan d’actions diffĂ©rents scĂ©narii sont discutĂ©s au sein de la CLE jusqu’en mai 2005. Ces derniers intĂšgrent les objectifs du SDAGE et de la DCE 2000 ainsi que les contraintes techniques et de sĂ©curitĂ© qui nĂ©cessitent de programmer une vidange en 2013 afin de vĂ©rifier la structure des ouvrages et d’éliminer les sĂ©diments accumulĂ©s depuis 20 ans. En juillet 2004, parmi 4 scĂ©narii proposĂ©s au vote, les voix se rĂ©partissent de maniĂšre Ă©quilibrĂ©e pour un dĂ©mantĂšlement prĂ©coce options A et B et une concession rallongĂ©e associĂ©e Ă  la mise en Ɠuvre rapide de mesures pour amĂ©liorer la qualitĂ© de l’eau C et D Figure 6. Le bureau de la CLE dĂ©cide alors d’entamer la rĂ©daction du SAGE en retenant les deux options B et C ayant obtenu le plus de voix. Afin de trancher le dĂ©bat, un nouveau vote est organisĂ© en mai 2005 entre ces deux options l’option B proposant une fin de concession en 2013 pour un bon Ă©tat en 2015 ou 2021 et l’option C qui repose sur un renouvellement de la concession jusqu’en 2023 avec mise en place d’actions Ă©nergiques sur l’amont du bassin concernant en particulier le monde agricole afin d’amĂ©liorer la qualitĂ© de l’eau des retenues et d’atteindre le bon Ă©tat en 2027. L’option B obtient 18 voix contre 11 pour l’option C. La lĂ©gitimitĂ© du vote est difficile Ă  apprĂ©cier du fait de la complexitĂ© de la procĂ©dure retenue 1er vote et du nombre important d’absents notamment dans le collĂšge des Ă©lus 2nd vote. Les communes directement concernĂ©es par le devenir des barrages sont reprĂ©sentĂ©es dans le collĂšge des Ă©lus conseillers gĂ©nĂ©raux des 4 cantons, maires de 5 communes dont la commune-canton d’Isigny-le-Buat8 mais l’échelle du bassin versant fait aussi intervenir des Ă©lus de collectivitĂ©s situĂ©es plus en amont moins sensibles Ă  cette question. Parmi les usagers, ce sont les FĂ©dĂ©rations dĂ©partementales de pĂȘche, les associations de dĂ©fense de l’environnement, toutes deux favorables Ă  l’arasement ainsi que le monde agricole, peu enclin Ă  voir les contraintes d’exploitation se renforcer, qui s’expriment favorablement. À la demande du PrĂ©fet considĂ©rant cette dĂ©cision prĂ©maturĂ©e, les services de l’État n’ont quant Ă  eux pas pris part aux votes. En effet, une demande de renouvellement de concession pour une pĂ©riode de 40 ans a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e par EDF en dĂ©cembre 2004 et l’État ne souhaite se prononcer sur le devenir des barrages qu’à l’issue de l’instruction de ce dossier. La stratĂ©gie du SAGE est finalement rĂ©digĂ©e selon l’option B et validĂ©e par la CLE et le PrĂ©fet en novembre 2005. Cependant, l’État ne rend pas sa dĂ©cision quant au renouvellement de la concession qui est donc reconduite tacitement. Le SAGE ne peut que rĂ©affirmer son souhait de programmer la fin d’activitĂ© des barrages Ă  court terme ». Cette absence de prise de position au plus haut niveau créé une longue phase d’interruption durant laquelle la CLE cesse d’occuper une place centrale concernant le devenir des barrages. Elle est remplacĂ©e par une scĂšne de concertation mouvante comme en tĂ©moigne la divergence des rĂ©cits qu’en donnent les diffĂ©rents protagonistes. Aucun dialogue n’est organisĂ© mais cette pĂ©riode est occupĂ©e par les opposants Ă  l’arasement, et en particulier l’association des Amis du barrage9. Elle favorise la cristallisation de la controverse. Figure 6. RĂ©sultats des votes des scĂ©narii du SAGE par la Commission Locale de l’Eau Le temps de la gestion Ă©cologique mise en place d’un nouveau dispositif de gouvernance 19Dans le mĂȘme temps, une gestion Ă©cologique des cours d’eau s’impose en France suite Ă  la mise en place de la DCE en 2000 puis de la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques en 2006. Elle met au-devant de la scĂšne le rĂ©tablissement de la libertĂ© de circulation des poissons migrateurs qui est Ă  nouveau rĂ©affirmĂ© par le Grenelle de l’environnement. Le dĂ©mantĂšlement d’un certain nombre d’ouvrages est discutĂ© dans les nĂ©gociations opaques entre les exploitants d’ouvrages hydroĂ©lectriques et l’État. Ce n’est finalement qu’en novembre 2009, Ă  l’issue du Grenelle de l’environnement et Ă  l’occasion du lancement du Plan national d’actions pour la restauration de la continuitĂ© Ă©cologique des cours d’eau PARCE, que l’État fait part de la dĂ©cision d’araser les barrages de la SĂ©lune. Cette annonce est faite par la secrĂ©taire d’État Ă  l’écologie Ă  quelques 150 km de la SĂ©lune, au Breuil-en-Auge au bord de la Touques, 1Ăšre riviĂšre Ă  truites de mer en France et rĂ©fĂ©rence en termes de restauration Ă©cologique Germaine, 2011, sans que les acteurs locaux concernĂ©s soient prĂ©venus. L’État relayĂ© par ses services, l’Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques ONEMA et l’Agence de l’Eau Seine-Normandie en particulier, impose alors une gestion Ă©cologique de la riviĂšre. La suppression des deux barrages a en effet pour objectif premier de rendre accessible aux migrateurs anguille, alose, truite, 
 les deux tiers amont du cours d’eau long de prĂšs de 90 km et de faire de la SĂ©lune un des rares fleuves français entiĂšrement libre d’obstacles transversaux et sans doute la premiĂšre riviĂšre Ă  saumons en France. Si cette Ă©tape marque Ă  nouveau le rĂŽle des crises » environnementales dans le dĂ©clenchement de nouvelles orientations de gestion ; ce n’est plus une crise locale pollution de la riviĂšre mais globale Ă©rosion de la biodiversitĂ© qui participe de la reconfiguration du projet de territoire Figure 7. Figure 7. ItinĂ©raire de concertation de la gestion intĂ©grĂ©e de l'eau Ă  la restauration Ă©cologique de la vallĂ©e 20Une fois la dĂ©cision annoncĂ©e, l’État tente de reconfigurer la scĂšne de concertation pour soutenir le projet. Alors que l’hostilitĂ© au dĂ©mantĂšlement s’est affirmĂ©e et afin d’éviter de confier le dossier Ă  un organisme – le SAGE – considĂ©rĂ© par certains comme partie prenante de la dĂ©cision, la DDTM de la Manche, propose un dispositif de gouvernance censĂ© rĂ©tablir le dialogue entre les diffĂ©rents acteurs. Il s’appuie sur 21un groupe projet restreint composĂ© de la Direction RĂ©gionale de l’Environnement, de l’AmĂ©nagement et du Logement DREAL, d’EDF, de l’Agence de l’eau et de trois Ă©lus locaux il commande les Ă©tudes ; 22un comitĂ© de pilotage ouvert Ă  d’autres Ă©lus, dont le prĂ©sident du SAGE, ainsi qu’aux administrations et Ă©tablissements publics comme l’ONEMA il valide les Ă©tudes et oriente Ă©ventuellement les travaux en cours ; 23une commission locale d’information, originellement Ă©tendue au grand public mais en rĂ©alitĂ© accessible sur invitation, rĂ©unie Ă  quatre reprises seulement entre juillet 2009 et juillet2014. 24L’État s’étant engagĂ© auprĂšs des Ă©lus locaux Ă  ce que la vidange et la dĂ©molition des barrages n’interviennent qu’une fois un dispositif d’accompagnement, dĂ©fini en concertation, permette de doter la vallĂ©e de la SĂ©lune d’un nouveau projet de territoire, ce processus produit deux types de fruits. Il conduit Ă  l’engagement de nouvelles Ă©tudes pour accompagner le dĂ©roulement des travaux et rĂ©pondre aux craintes exprimĂ©es en ce qui concerne le maintien de l’alimentation en eau potable, la gestion des sĂ©diments, les inondations et la reconversion Ă©conomique et paysagĂšre de la vallĂ©e. Il dĂ©bouche Ă©galement sur la dĂ©finition d’un portage partagĂ© entre l’État, le Pays de la Baie du Mont Saint-Michel et le Syndicat Mixte du bassin de la SĂ©lune Figure 7. 5. Le difficile passage d’une opĂ©ration Ă©cologique Ă  un projet de territoire 25La restitution de cette trajectoire permet d’identifier l’ensemble des acteurs confrontĂ©s Ă  la nĂ©cessitĂ© de faire Ă©merger un nouveau projet de territoire. Comme l’a notĂ© R. Raymond 2008 Ă  propos des conflits liĂ©s Ă  l’hydroĂ©lectricitĂ© sur la Dordogne, chaque acteur envisage de maniĂšre diffĂ©rente le devenir des barrages en fonction du rĂ©seau et de l’échelle du territoire au sein desquels il Ă©volue. L’analyse de ces conflits nous a amenĂ© Ă  nous interroger sur les relations entre acteurs et leurs liens avec les diffĂ©rents niveaux gĂ©ographiques convoquĂ©s Cadoret, 2007 Figure 8. Figure 8. SchĂ©ma des relations entre acteurs selon les Ă©chelles d’intervention La construction d’un rĂ©seau d’acteurs favorables au dĂ©mantĂšlement 26Avant d’ĂȘtre affirmĂ© par le MinistĂšre de l’écologie, le dĂ©mantĂšlement des barrages de la SĂ©lune est promu Ă  l’échelon local par divers rĂ©seaux d’acteurs dont une grande partie est reprĂ©sentĂ©e au sein de la CLE. Il s’agit d’abord des services de l’État en charge de la gestion de l’eau l’Agence de l’eau et l’ONEMA qui se font les porte-parole de la restauration Ă©cologique, considĂ©rĂ©e comme un impĂ©ratif pour rĂ©pondre aux exigences de la DCE. Ce message est diffusĂ© via des vidĂ©os de promotion dĂ©montrant le bien-fondĂ© de l’opĂ©ration. L’Agence de l’eau constitue un acteur particuliĂšrement important puisqu’elle est reprĂ©sentĂ©e dĂšs le dĂ©part dans la CLE puis dans les divers comitĂ©s de pilotage mis en place autour de l’opĂ©ration pour lesquels elle apparaĂźt comme le financeur principal de l’opĂ©ration. 27La promotion de la pĂȘche au saumon constitue un autre point fĂ©dĂ©rateur des partisans du dĂ©mantĂšlement des barrages de la SĂ©lune. Elle est mise en avant par les FĂ©dĂ©rations de pĂȘche des trois RĂ©gions Basse-Normandie, Bretagne, Pays de la Loire ainsi que la FĂ©dĂ©ration de la Manche. Soutenues par les associations locales de pĂȘcheurs au saumon qui frĂ©quentent la partie aval de la riviĂšre AAPPMA La DucĂ©enne, elles ont stimulĂ©, dĂšs la phase de rĂ©flexions conduites lors de l’élaboration du SAGE, avec le Conseil SupĂ©rieur de la PĂȘche, devenu ONEMA, des Ă©valuations Ă©conomiques sur les bĂ©nĂ©fices que procurerait la pĂȘche au saumon suite Ă  l’arasement des barrages. Celles-ci estiment les retombĂ©es du tourisme halieutique entre 400 000 et 1,25 million d’euros par an Bonnieux, 2000 ; SalaniĂ© et al., 2004. Ces calculs fondĂ©s sur l’augmentation du linĂ©aire de berges accessibles de 12 km aujourd’hui Ă  68 km potentiellement accessibles et du nombre de captures autorisĂ©es de 110 Ă  140 aujourd’hui Ă  500 aprĂšs arasement suggĂšrent une augmentation du nombre de pĂȘcheurs estimĂ©e Ă  1,5. En 2008, c’est une organisation internationale, la North Atlantic Salmon Fondation, qui a visitĂ© la SĂ©lune et proposĂ© avec l’ONEMA, en accord avec EDF et le MinistĂšre de l’écologie, une expertise sur la reconquĂȘte de la vallĂ©e par le saumon. Un projet Ă©conomique alternatif est donc proposĂ© pour le territoire autour du tourisme halieutique. Cependant, les chiffres avancĂ©s s’appuient sur des valeurs de rĂ©fĂ©rence nord-amĂ©ricaines lĂ  oĂč les observations plus proches Touques, SĂ©e invitent Ă  plus de prudence Germaine, 2011. Enfin, les volontĂ©s sont encore timides et aucun acteur Ă©conomique n’est Ă  ce jour identifiĂ© pour porter ce projet ambitieux de dĂ©veloppement d’un tourisme pĂȘche fondĂ© sur le retour des salmonidĂ©s. 28Ce rĂ©seau s’étend au niveau national et international en s’appuyant sur des associations de dĂ©fense de l’environnement. Ainsi, plusieurs de ces organisations spĂ©cialisĂ©es dans la dĂ©fense des poissons migrateurs SOS Loire Vivante, ERN, NASF, Sustainable Eel Group, 
 et d’autres plus gĂ©nĂ©ralistes mais engagĂ©es dans des campagnes en faveur du dĂ©mantĂšlement des barrages France Nature, WWF, Fondation pour la nature et l’homme, LPO, 
 sont rĂ©unies dans le collectif des Amis de la SĂ©lune créé en 2011. Celui-ci est portĂ© par la fondation Humus Fonds pour la biodiversitĂ©, qui participe par ailleurs au RĂ©seau RiviĂšres sauvages soutenu par WWF et Sos Loire Vivante. Ces acteurs arrivĂ©s tard sur la scĂšne sont pour l’essentiel extĂ©rieurs au bassin de la SĂ©lune et s’appuient sur des porte-paroles telles qu’I. Autissier, O. Roellinger prĂ©sident Relais et Chateaux Ă  Cancale, O. Vigfusson fondateur et prĂ©sident du Nasf ou A. Passard chef Ă©toilĂ© parisien qui cuisine des produits bio de la Baie. Parmi les 51 organisations adhĂ©rentes, le monde de la pĂȘche est largement reprĂ©sentĂ© avec 27 AAPPMA dont 24 situĂ©es dans le dĂ©partement de la Manche sur 26 au total. Les deux seules associations de pĂȘche qui ne soutiennent pas le collectif sont situĂ©es dans le Sud Manche dont l’AAPPMA la Truite Saint-Hilairienne » qui exploite le parcours de plan d’eau de 2Ăšme catĂ©gorie du lac de VezinsiĂšcle Outre la pĂȘche au saumon, les Amis de la SĂ©lune soutiennent que le dĂ©mantĂšlement des ouvrages doit permettre la renaissance de la vallĂ©e » et une reconquĂȘte environnementale » qui permettra de dĂ©velopper de nouvelles activitĂ©s durables reposant sur l’observation de la nature et les sports nature randonnĂ©e, VTT, canoĂ«, 
 et une agriculture durable. 29Au rĂ©seau des promoteurs de l’opĂ©ration, il faut ajouter les facilitateurs, c’est-Ă -dire les acteurs qui accompagnent le projet et se font le relais de la dĂ©cision du MinistĂšre de l’écologie Ă  l’échelon local et opĂ©rationnel. Si le caractĂšre paradoxal de cette dĂ©cision politique issue du Grenelle peut ĂȘtre soulignĂ© en regard des Ă©nergies renouvelables promues par le mĂȘme texte, il faut citer ici le rĂŽle d’EDF qui participe depuis 2005 Ă  la mise en Ɠuvre de l’opĂ©ration en prenant en charge la rĂ©alisation des Ă©tudes techniques concernant la vidange et le traitement des sĂ©diments piĂ©gĂ©s derriĂšre les barrages en partie polluĂ©s. Ayant pris acte de la dĂ©cision, l’entreprise communique Ă©galement sur l’exemplaritĂ© de l’opĂ©ration et sa participation Ă  un projet environnemental. 30À l’échelon local, c’est la DDTM de la Manche qui assure la coordination du projet. Elle a pour mission de veiller Ă  ce qu’il soit menĂ© de maniĂšre exemplaire aussi bien au plan technique et environnemental que dans l’accompagnement des acteurs locaux. Elle est entourĂ©e de la DREAL mais bien que celle-ci soit intĂ©grĂ©e au groupe projet, elle ne participe pas activement au projet, peut-ĂȘtre du fait de la fusion, rĂ©cente et encore compliquĂ©e, en particulier sur le sujet des Ă©nergies renouvelables, de la Direction rĂ©gionale de l’environnement DIREN et de la Direction RĂ©gionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement DRIRE. Aucune labellisation ou extension de pĂ©rimĂštre de protection de type Natura 2000 ou Espace Naturel Sensible par exemple n’est envisagĂ© ou souhaitĂ©. Il n’y a Ă  ce jour aucune rĂ©flexion sur les modalitĂ©s d’une gestion Ă©cologique territorialisĂ©e ou d’intervention du Conservatoire FĂ©dĂ©ratif des Espaces Naturels CFEN par exemple. L’opĂ©ration est donc envisagĂ©e selon le seul angle technique – enlĂšvement des barrages – et avec une vision territoriale minimale celle des lacs et du chenal qui s’y substituera sans prĂ©vision de la gestion future de la vallĂ©e comme le montre la position de la mission barrages » créé par la DDTM dont l’attention se concentre sur les diffĂ©rentes Ă©tudes techniques confiĂ©es Ă  des bureaux d’étude et Ă  EDF et sur leur coordination. Enfin, on peut noter l’absence de communication de la part de l’État sur le nouveau projet le premier bulletin d’information destinĂ© au grand public n’est distribuĂ© qu’en janvier 2013 par la DDTM. La structuration d’une opposition Ă  la restauration de la vallĂ©e 10 On dĂ©nombre une centaine de cabanons de pĂȘche installĂ©s sur les bords des lacs. 31Avant mĂȘme l’annonce de la dĂ©cision, les opposants Ă  l’arasement des barrages se sont structurĂ©s. NĂ©e de la vidange de 1993, l’association des Amis du barrage a jouĂ© un rĂŽle important dans cette mise en rĂ©seau par la communication qu’elle a assurĂ© depuis l’étĂ© 2004 diffusion de tracts, manifestations, banderoles sur le terrain, site Internet, chroniques rĂ©guliĂšres dans la presse locale et l’organisation de rencontres confĂ©rences publiques, manifestations festives Figure 9. Les adhĂ©rents sont pour l’essentiel des riverains et des pĂȘcheurs de carnassiers mais aussi des propriĂ©taires de maisons, de cabanons ou encore de pontons de pĂȘche sur les bords des lacs10. Leurs motifs d’opposition s’inscrivent dans un registre affectif et familier. Les pĂȘcheurs sont donc divisĂ©s puisqu’une grande partie des adhĂ©rents des AAPPMA locales est opposĂ©e au dĂ©mantĂšlement. Il s’agit des pĂȘcheurs aux carnassiers ou Ă  la carpe qui frĂ©quentent les lacs de Vezins et de la Roche-qui-Boit. Ils dĂ©plorent le fait qu’ils ne retrouveront pas de plan d’eau d’étendue et de qualitĂ© Ă©quivalente dans les environs immĂ©diats. Ils expriment Ă©galement leur attachement aux caractĂ©ristiques paysagĂšres originales des lacs. Ils rejoignent ainsi les habitants pour lesquels la disparition des plans d’eau cristallise les craintes car elle est synonyme de bouleversement du paysage et du cadre de vie mais aussi de modification des usages familiers pratiquĂ©s au bord et sur l’eau. 32Les opposants Ă  l’arasement contestent Ă©galement l’argument Ă©conomique et affirment le caractĂšre incomprĂ©hensible et injustifiable de la dĂ©cision. D’une part, ils soulignent la remise en cause des retombĂ©es locales des activitĂ©s touristiques et rĂ©crĂ©atives liĂ©es au plan d’eau et la menace qui pĂšse sur certains emplois. Le devenir de la base de loisirs de la Mazure cristallise les inquiĂ©tudes des habitants et permet d’étendre l’opposition aux Ă©lus locaux. L’équipe d’animation du Groupe Projet a pourtant proposĂ© dĂšs fin 2009 des pistes de reconversion transmises Ă  l’État en vue d’obtenir des financements pour compenser la disparition des activitĂ©s liĂ©es Ă  l’eau et assurer la promotion d’activitĂ©s de substitution nouveau plan d’eau, salle multisports, 
. Mais cette initiative est restĂ©e sans rĂ©sultats concrets jusque-lĂ . D’autre part, le coĂ»t de l’opĂ©ration est mis en regard des difficultĂ©s Ă  obtenir ou conserver certains Ă©quipements hĂŽpital, Ă©coles, 
 dans un contexte de crise. Le projet, rĂ©duit Ă  la reconquĂȘte du fleuve par le saumon, est opposĂ© aux enjeux Ă©conomiques comme en tĂ©moignent les titres des articles parus depuis 2009 dans la presse locale Les saumons coupent le courant Ă  Vezins » Ouest-France, 18/11/2009, Les saumons vaincront-ils les barrages de la SĂ©lune ? » Ouest-France, 11/01/2012 ou encore Barrages ou saumons ? Je choisis l’homme » Ouest-France, 04/02/2012. En parallĂšle, l’intĂ©rĂȘt Ă©nergĂ©tique des barrages est Ă©galement mis en avant. La prĂ©sence d’une source d’énergie renouvelable constitue un argument particuliĂšrement efficace dans le dĂ©partement de la Manche marquĂ© par le nuclĂ©aire et dans un bassin concernĂ© par le tracĂ© des lignes associĂ©es Ă  l’EPR RĂ©acteur PressurisĂ© EuropĂ©en de Flamanville. Les partis politiques Ă©cologistes ont d’ailleurs localement pris position contre l’effacement des barrages, ou du moins vivement critiquĂ© son dĂ©roulement. L’arasement des barrages de la SĂ©lune est ainsi perçu par certains comme un abandon par EDF de barrages parmi les moins performants de son parc pour mieux valoriser la filiĂšre nuclĂ©aire. Figure 9. Affiches et banderoles des Amis du barrage 33Au-delĂ  de ces arguments, les Amis du barrage comme les Ă©lus ont progressivement investi le champ technique et Ă©cologique en dĂ©veloppant des questionnements sur les risques encourus pollution, aggravation des inondations pour les communes en aval comme Ducey, gestion de la phase de vidange et l’efficacitĂ© mĂȘme de l’opĂ©ration pour la qualitĂ© du cours d’eau restaurĂ© pollution agricole et domestique Ă  l’amont, effets sur la baie du Mont Saint-Michel, etc. Un certain nombre de rĂŽles secondaires sont ainsi attribuĂ©s aux barrages comme l’indique le conseiller gĂ©nĂ©ral d’Isigny-le-Buat Ils sont solides, ils produisent toujours de l'Ă©lectricitĂ©, ils permettent d'avoir une rĂ©serve d'eau et de limiter les inondations » La Manche Libre, 21/11/09. L’intĂ©rĂȘt de disposer de rĂ©serves d’eau est par exemple souvent revenu comme argument dans les dĂ©bats en rĂ©fĂ©rence au rĂ©chauffement climatique. 11 Durant l’hiver 2012, Ă  l’occasion des Ă©lections lĂ©gislatives, les Amis du barrage ont organisĂ© troi ... 12 Sur plus de 200 questions posĂ©es depuis 2007 au cours des deux derniĂšres lĂ©gislatures. 13 Question publiĂ©e au JO le 15/01/2013, p. 263, question n°87. 34La quasi-unanimitĂ© des Ă©lus locaux s’inscrit dans ce rĂ©seau d’opposition. La dĂ©cision est prĂ©sentĂ©e comme imposĂ©e d’en haut et la mĂ©thode mise en place par l’État est sĂ©vĂšrement critiquĂ©e On dĂ©cide d’abord avant d’en avoir Ă©tudiĂ© les possibilitĂ©s. L’État est en train de s’engluer dans ce dossier faute d’en avoir chiffrĂ© le coĂ»t » le dĂ©putĂ© du Sud Manche dans La Manche Libre, 29/12/2011. De fait, les Ă©tudes ont Ă©tĂ© lancĂ©es a posteriori, et mĂȘme assez longtemps aprĂšs l’annonce d’arasement, et souvent du fait de l’insistance des Ă©lus locaux. Hostiles Ă  l’opĂ©ration, ces derniers ne sont pas disposĂ©s Ă  participer Ă  la construction d’un nouveau projet de territoire comme le montre leur participation irrĂ©guliĂšre, voire leur absence, aux ateliers mis en place dans le cadre de l’étude chargĂ©e de dĂ©finir le SchĂ©ma de DĂ©veloppement Durable de la SĂ©lune. Ils adoptent une position dĂ©fensive rĂ©clamant des mesures compensatoires. L’enjeu du maintien de la base de loisirs de la Mazure, agrandie et rĂ©novĂ©e fin 2009, incite nĂ©anmoins les Ă©lus d’Isigny-le-Buat Ă  participer activement au processus de concertation mis en place par l’État puisque son maire dĂ©clare continuer de siĂ©ger au sein du comitĂ© de pilotage afin d’ obtenir satisfaction [et 
] veiller Ă  ce qu'il ne soit pas fait n'importe quoi » La Manche Libre, 21/02/2012. Il s’agit dans l’immĂ©diat d’obtenir des mesures d’accompagnement urgentes puis des pistes de reconversion Ă  long terme. Au-delĂ  du refus de la disparition des barrages, il n’y a en rĂ©alitĂ© pas de vision partagĂ©e du territoire comme le montre l’absence de contre-propositions au projet en cours. MalgrĂ© des regroupements intercommunaux qui devraient encourager l’émergence de projets plus collectifs, chacun dĂ©fend les intĂ©rĂȘts de sa commune, au mieux de son canton. Alors que l’attention est sans cesse ramenĂ©e sur le devenir de la Mazure, les Ă©lus de l’aval revendiquent, eux, une prise en charge au nom d’une Ă©ventuelle aggravation des inondations. Chacun cherche donc Ă  tirer son Ă©pingle du jeu et Ă  bĂ©nĂ©ficier des retombĂ©es de l’opĂ©ration. Si les Ă©lus affichent publiquement leur opposition au projet Ă  l’échelle locale11 et interpellent le MinistĂšre de l’écologie par le biais de courriers, le plus souvent signĂ©s aux cĂŽtĂ©s des Amis du barrage, pour obtenir une annulation du projet puis un moratoire, ils n’activent en rĂ©alitĂ© pas l’ensemble des leviers disponibles. Ainsi, depuis 2007, le dĂ©putĂ© de la circonscription d’Avranches a posĂ© 3 questions12 Ă  l’AssemblĂ©e Nationale sur la mise en place de la ligne TrĂšs Haute Tension dans le dĂ©partement de la Manche demande d’enfouissement et d’étude Ă©pidĂ©miologique mais il faut attendre le 15 janvier 201313, et donc le changement de majoritĂ© parlementaire, pour qu’il interpelle la Ministre de l’Écologie en demandant explicitement le maintien des barrages. Le sĂ©nateur du Sud Manche Ă©lu depuis 1996 n’est quant Ă  lui jamais intervenu sur cette question lors de dĂ©bats parlementaires. Les Ă©lus locaux ayant un mandat national appartenant Ă  la droite parlementaire, on peut se demander si la promotion du Grenelle de l’environnement par un gouvernement de mĂȘme opinion n’a pas empĂȘchĂ© la transformation politique de la controverse et l’émergence du dĂ©bat Ă  l’échelon national. En fin de compte, seul le prĂ©sident de la CLE, muet pendant un certain temps, car marginalisĂ© politiquement bien que de droite Ă©galement, dĂ©fend l’idĂ©e que cette opĂ©ration constitue une opportunitĂ© unique » que le territoire doit saisir on perd des barrages, mais on gagne une vallĂ©e » La Manche Libre, 12/03/13. Afin de dĂ©velopper de l’emploi et de gĂ©nĂ©rer des retombĂ©es, il plaide pour une maitrise locale de l’opĂ©ration c’est Ă  nous, Ă©lus, d’ĂȘtre maĂźtre d’ouvrage ». Pouvoirs et construction d’un projet de territoire 35L’étude de la vallĂ©e de la SĂ©lune illustre la confrontation de deux modĂšles de riviĂšres que l’on retrouve dans de nombreux conflits autour des opĂ©rations de dĂ©samĂ©nagement Germaine et Barraud, 2013b. D’un cĂŽtĂ©, les dĂ©fenseurs des barrages envisagent les lacs comme un support d’activitĂ©s Ă©conomiques hydroĂ©lectricitĂ©, tourisme, ils attribuent aux infrastructures hydrauliques des vertus environnementales Ă©crĂȘteur de crues, piĂ©geage des sĂ©diments polluĂ©s et ne sont pas convaincus par les arguments scientifiques et Ă©conomiques des partisans de la restauration Ă©cologique. Le caractĂšre inĂ©dit de l’opĂ©ration les inquiĂšte ils craignent que les Ă©tudes ne permettent pas d’éviter des dommages collatĂ©raux pollution, envasement de la baie, inondations. Localement, la phase d’interruption de la concertation a Ă©tĂ© particuliĂšrement dommageable Ă  la construction du projet de territoire puisqu’elle a Ă©cartĂ© les Ă©lus du processus. Aujourd’hui, ils peinent encore Ă  abandonner leur lutte auprĂšs des opposants et participent Ă  reculons Ă  la construction du projet ne permettant pas d’exclure un risque de radicalisation du conflit. De l’autre cĂŽtĂ©, les tenants de la restauration Ă©cologique rĂ©clament la suppression des barrages considĂ©rĂ©s comme l’obstacle d’origine anthropique Ă  supprimer pour retrouver une riviĂšre support d’une plus grande biodiversitĂ©, mĂȘme si celle-ci est bien souvent rĂ©duite aux espĂšces les plus nobles comme le saumon. Leur position est d’abord une position de principe. Localement, le modĂšle de dĂ©veloppement Ă©conomique proposĂ© est essentiellement monofonctionnel. CentrĂ© sur le tourisme halieutique, il demeure trĂšs hypothĂ©tique faute d’études approfondies et actualisĂ©es susceptibles de le soutenir SalaniĂ© et al., 2004, d’un projet global associĂ© de gestion du fond de vallĂ©e et de l’identification d’acteurs locaux prĂȘts Ă  le faire vivre. Ainsi, si le rĂ©seau des partisans de l’arasement a su s’étendre et s’organiser pour gagner le dĂ©bat politique national, il lui reste Ă  trouver les arguments pour renouer le fil du dialogue avec l’ensemble des acteurs et les moyens pour franchir l’étape de l’arasement avec succĂšs. DĂ©pourvu de lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique Ă  l’échelle locale, le projet promu sera soumis Ă  l’épreuve de sa rĂ©alisation. 14 ... 36Dans ce contexte conflictuel, l’État, aprĂšs s’ĂȘtre engagĂ© Ă  ce que les travaux ne dĂ©butent pas avant qu’un projet soit construit et partagĂ© par l’ensemble des acteurs locaux, a dĂ©cidĂ© de passer outre et de cesser de reculer le dĂ©marrage des travaux. Ainsi, mĂȘme en l’absence de leadership local, le calendrier des travaux est fixĂ© la vidange de Vezins dĂ©butera dĂ©but 2015 pour une fin du chantier vers 2020. Le risque est donc que l’opĂ©ration soit rĂ©alisĂ©e a minima, c’est-Ă -dire qu’elle ne consiste qu’en une simple intervention technique sans projet pour le territoire impactĂ©. Pour Ă©viter cette perspective, deux structures ont Ă©tĂ© identifiĂ©es pour assumer le portage de la reconversion de la vallĂ©e le Syndicat mixte du bassin de la SĂ©lune porteur du SAGE et le Pays de la Baie du Mont Saint-Michel. En mai 2013, une convention tripartite de partenariat pour la renaturation et le dĂ©veloppement de la vallĂ©e de la SĂ©lune a Ă©tĂ© signĂ©e par le PrĂ©fet de la Manche et les prĂ©sidents des deux structures Figure 7. Le Pays a en charge les actions concernant les activitĂ©s Ă©conomiques – l'accessibilitĂ© au territoire et Ă  la vallĂ©e, l'itinĂ©rance sous tous ses aspects, les sports et loisirs nature qui pourront y ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s, l'hĂ©bergement et la restauration ainsi que le devenir de la Base de la Mazure et des autres centres d'activitĂ©s rĂ©crĂ©atives » – tandis que le Syndicat mixte sera en charge de l’environnement – prĂ©servation et valorisation des patrimoines et des paysages liĂ©s Ă  l'eau comprenant notamment le dĂ©veloppement d'une agriculture durable sur l'ensemble du bassin versant, la qualitĂ© des ressources piscicoles et le dĂ©veloppement de la pĂȘche de loisir, ainsi que la gestion quantitative des inondations »14. Cette issue, encore provisoire, montre la difficultĂ© Ă  s’engager vers un projet exemplaire alliant deux ambitions prĂ©servation de la biodiversitĂ© et dĂ©veloppement local. La division des missions est illusoire dans la mesure oĂč l’ensemble des actions est liĂ© comme en tĂ©moignent par exemple les retombĂ©es Ă©conomiques de la pĂȘche au saumon et la mise en place d’une itinĂ©rance le long de la riviĂšre permettant de rejoindre la Baie du Mont Saint-Michel. Alors que le SchĂ©ma de DĂ©veloppement Durable a conclu sur la nĂ©cessitĂ© de mettre en place une gouvernance globale pour concilier prĂ©occupations Ă©cologiques et enjeux socio-Ă©conomiques, le choix de ce double portage ne semble donc pas un gage de cohĂ©rence favorisant l’apprĂ©hension par tous de la vallĂ©e comme support de patrimoine Ă  la fois naturel et culturel. 37Au bilan, le cas de la SĂ©lune montre l’importance du rapport entre les rĂ©seaux d’acteurs et les Ă©chelles qu’ils contribuent Ă  dĂ©finir Swyngedouw, 2004. Les promoteurs de l’arasement rĂ©ussissent Ă  occuper diffĂ©rents niveaux territoriaux Figure 8, et mĂȘme s’ils sont moins lĂ©gitimes Ă  l’échelon du territoire impactĂ©, ils ont dĂ©veloppĂ© une stratĂ©gie efficace pour dĂ©velopper des relais Ă  tous les niveaux scalaires concernĂ©s. En revanche, pour des raisons complexes, les opposants ne sont pas parvenus Ă  faire Ă©merger le dĂ©bat au-delĂ  du Sud Manche. La dĂ©finition institutionnelle du portage du projet pose Ă©galement la question de l’articulation des Ă©chelles. D’un cĂŽtĂ©, le Pays peut ĂȘtre une entitĂ© trop vaste par rapport aux enjeux de la rĂ©habilitation de cette section de la vallĂ©e il est en effet tournĂ© vers le littoral et concernĂ© par une multitude de dossiers complexes possĂ©dant des enjeux socio-Ă©conomiques nettement supĂ©rieurs. À quelques kilomĂštres de lĂ  le rĂ©tablissement du caractĂšre maritime du Mont Saint-Michel est au centre de toutes les attentions au moins tant que le projet ne sera pas achevĂ© 2015. D’un autre cĂŽtĂ©, le bassin versant reprĂ©sente quant Ă  lui une Ă©chelle pertinente pour poursuivre l’effort d’atteinte de la bonne qualitĂ© de l’eau et des milieux aquatiques pratiques agricoles, etc. mais il apparaĂźt trop vaste pour apprĂ©hender la question de la reconversion de la portion de vallĂ©e gagnĂ©e Ă  la suite du dĂ©mantĂšlement. Enfin, cette rĂ©partition des rĂŽles n’invite pas Ă  envisager l’environnement autrement que comme une contrainte, le Syndicat Mixte du bassin de la SĂ©lune restant cantonnĂ© dans le rĂŽle d’initiateur de politiques contractuelles voire rĂ©glementaires peu attractives. Les retours d’expĂ©rience, comme l’effacement du barrage de Kernansquillec en 1996 sur le LĂ©guer dans les CĂŽtes d’Armor MEDD, 2002, tĂ©moignent pourtant de l’intĂ©rĂȘt d’élargir la question de l’arasement et de la restauration Ă©cologique aux prĂ©occupations des diffĂ©rents usagers en diversifiant les compĂ©tences de la structure en charge de la restauration Germaine et Barraud, 2013b. Plus gĂ©nĂ©ralement, la dĂ©cision d’arasement a contribuĂ© Ă  redistribuer les pouvoirs et les compĂ©tences Ă  l’échelle locale. De ce point de vue, elle a dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  reconfigurer le territoire. Conclusion 38Cette situation souligne la difficultĂ© de mettre en place des modĂšles de gestion de la riviĂšre restaurĂ©e Germaine et Barraud, 2013a. Elle souligne aussi le caractĂšre trĂšs normatif des processus de gouvernance qui accompagnent les politiques de restauration. De plus en plus menĂ©e en fonction d’états de rĂ©fĂ©rence fixĂ©s Ă  l’échelle nationale voire europĂ©enne, la gestion des riviĂšres tend Ă  nĂ©gliger les spĂ©cificitĂ©s des territoires aussi bien du point de vue du fonctionnement des milieux naturels Lespez, 2012 ; Lespez et al., 2013 que des reprĂ©sentations et usages des riverains et populations locales Germaine et Barraud, 2013a. Dans le cas de la SĂ©lune, l’opĂ©ration d’arasement des deux barrages hydroĂ©lectriques peut constituer une vĂ©ritable opportunitĂ© Ă  saisir pour le territoire. Elle comporte en effet des leviers Ă©conomiques et des moyens importants du fait de son ampleur inĂ©dite et de la proximitĂ© de la Baie du Mont Saint-Michel Ă  condition que le projet Ă©cologique ne tarde plus Ă  favoriser la construction d’un projet de territoire et que les diffĂ©rents acteurs locaux dĂ©passent leur opposition Ă  la dĂ©cision pour prendre la mesure de leur rĂŽle dans le processus de construction territoriale au-delĂ  de leurs intĂ©rĂȘts propres. On ne peut aujourd’hui qu’espĂ©rer que le nouveau portage du projet permette de passer d’une opĂ©ration de restauration Ă©cologique d’ampleur inĂ©dite Ă  l’affirmation d’un nouveau projet de territoire.
EnrĂ©ponse Ă  une question du dĂ©putĂ© GuĂ©nhaĂ«l Huet, Delphine Batho a rĂ©affirmĂ© jeudi 24 janvier de mener Ă  bien l'effacement des retenues de Vezins et La Roche-qui-Boit. Deux porteurs de projet seraient intĂ©ressĂ©s pour mener Ă  bien la reconversion de la vallĂ©e. SituĂ© Ă  4,1 km en aval de l'ancien site de production hydroĂ©lectrique de Vezins sur les communes de Ducey-Les-ChĂ©ris et Saint-Laurent-de-Terregatte, le barrage de La-Roche-Qui-Boit LRQB a pour rĂŽle de produire de l'Ă©lectricitĂ© renouvelable et servait Ă  attĂ©nuer les variations de dĂ©bit liĂ©es au fonctionnement du site de Vezins. Sa mise en service date de 1919. Il s'agit d'un barrage Ă  voĂ»tes multiples et contreforts de 15 m de haut et 125 m de long. Sa production est Ă©quivalente Ă  la consommation de 1 250 habitants 3 GWh/an. La retenue de LRQB est de 30 ha et de 1,5 million de m3 d'eau. Enfin, il est composĂ© de deux groupes de production d'une puissance totale de 1,6 MW. Une brĂšche dans le barrage Les travaux du chantier du barrage de La Roche-qui-Boit dĂ©buteront par la rĂ©alisation d'une brĂšche dans le barrage, afin de permettre le passage d'une Ă©ventuelle crue dite "millĂ©nale" et ainsi garantir la sĂ»retĂ© de l'ouvrage en cours de dĂ©molition et la sĂ©curitĂ© des intervenants en cas de crue. La rive gauche du barrage, puis la droite, comprenant l'usine et l'ancienne maison dite "de la direction", aujourd'hui insalubre, seront ensuite dĂ©truites. Le lit naturel de la SĂ©lune sera alors reconstituĂ© sur les recommandations d'une paysagiste afin de garantir la parfaite intĂ©gration du site dans son environnement tout en conservant des traces du patrimoine industriel. Par ailleurs, les matĂ©riaux issus du chantier seront rĂ©utilisĂ©s Ă  cet effet pour limiter le bilan carbone. Le planning De juin 2020 Ă  mars 2021 retrait des sĂ©diments de la retenue du barrage. Afin de reprofiler le lit de la vallĂ©e de la SĂ©lune et d'Ă©viter que les sĂ©diments soient transfĂ©rĂ©s Ă  l'aval du barrage de La-Roche-Qui-Boit, EDF procĂ©dera Ă  leur retrait Ă  compter de cet Ă©tĂ©. En avril 2021, vidange de la retenue du barrage de La-Roche-qui-Boit. La vidange, trĂšs encadrĂ©e, sera rĂ©alisĂ©e progressivement afin de garantir la qualitĂ© de l'eau qui sera suivie Ă  l'aval du barrage oxygĂšne dissous, taux de matiĂšre en suspension.. en temps rĂ©el lors de la phase d'abaissement. Pendant cette opĂ©ration, les poissons seront recueillis par un pĂȘcheur professionnel. Le site hydroĂ©lectrique de La-Roche-Qui-Boit arrĂȘtera de produire de l'Ă©lectricitĂ© au dĂ©but de la vidange. De mai 2021 Ă  fĂ©vrier 2022, on passera alors au dĂ©mantĂšlement du site de production hydroĂ©lectrique de La-Roche-Qui-Boit. Ladestruction du barrage de la Roche qui Boit a dĂ©marrĂ© Ă  Ducey-les-ChĂ©ris (Manche), lundi 20 juin. En ce moment, deux grosses pelles cassent l’ouvrage qui date de 1919. « Ils ont commencĂ© par

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Deuxbarrages, Vezins La-Roche-qui-boit, tous deux d’une hauteur 15 mĂštres, vont ĂȘtre dĂ©molis dĂ©but 2018. SituĂ©s sur la SĂ©lune, dans la Manche, les deux barrages ont alimentĂ© la rĂ©gion en Ă©lectricitĂ© hydraulique depuis prĂšs d’un demi-siĂšcle.

En juin 2021, la Chine inaugurait le barrage de Baihetan sur le fleuve Yangzi, qui deviendra Ă  terme la plus grande centrale hydroĂ©lectrique au monde huit millions de mĂštres cubes de bĂ©ton coulĂ©s dans la total, on compte aujourd'hui plus de grands barrages Ă  travers le monde, selon la base de donnĂ©es de la Commission internationale des grands barrages. Ces gigantesques ouvrages gĂ©nĂšrent 70% de l'Ă©lectricitĂ© renouvelable dans le monde et contribuent ainsi Ă  dĂ©carboner l' que les barrages prĂ©sentent aussi de nombreux inconvĂ©nients ils dĂ©placent des milliers de personnes lors de la construction, perturbent le milieu naturel, endommagent la faune et la flore et relĂąchent des gaz Ă  effet de serre lorsque la matiĂšre organique des zones inondĂ©es se compter les conflits possibles dans la gestion de l'eau, comme avec le barrage de la Renaissance sur le Nil, oĂč l'Égypte et le Soudan accusent l'Éthiopie de vouloir les plus, le nombre d'endroits propices Ă  l'installation de nouveaux barrages n'est pas illimitĂ©. En France, par exemple, le territoire est dĂ©jĂ  complĂštement insoupçonnĂ©sIl existe pourtant une solution facile pour augmenter la production Ă©lectrique sans nuire Ă  l'environnement rĂ©trofiter les barrages existants afin de les transformer en barrages faut savoir que la majoritĂ© des barrages sont construits Ă  des fins d'irrigation pour constituer un rĂ©servoir d'eau, contrĂŽler un cours d'eau ou crĂ©er une base de loisirs. En ajoutant de petites turbines et un gĂ©nĂ©rateur Ă  ces barrages, on pourrait fournir de l'Ă©lectricitĂ© aux communautĂ©s locales ou les connecter au rĂ©seau, suggĂšre idĂ©e a fait l'objet d'une Ă©tude parue en novembre dans la revue Environmental Research Letters, qui montre que l'on pourrait gĂ©nĂ©rer 78 gigawatts supplĂ©mentaires en amĂ©liorant les barrages hydroĂ©lectriques existants –l'Ă©quivalent de sept fois la production Ă©lectrique du barrage gĂ©ant de Belo Monte au BrĂ©sil, l'un des plus grands au le bassin du MĂ©kong, le rĂ©trofit pourrait Ă  lui seul gĂ©nĂ©rer deux fois plus d'Ă©lectricitĂ© que tous les barrages actuellement planifiĂ©s, note l'Ă©tude. Et malgrĂ© un coĂ»t global de 238,3 milliards de dollars 210,7 milliards d'euros, cela resterait moins cher que de construire de nouveaux barrages d'une capacitĂ© États-Unis, trente-six barrages ont ainsi Ă©tĂ© rĂ©trofitĂ©s depuis 2000, de quoi gĂ©nĂ©rer 500 mĂ©gawatts d'Ă©lectricitĂ© supplĂ©mentaire. En Europe, oĂč il est pratiquement impossible de construire de nouveaux barrages, le rĂ©trofit est mĂȘme la seule option pour augmenter la capacitĂ© hydroĂ©lectrique, souligne n'est cependant pas toujours aisĂ© de procĂ©der Ă  la transformation. Certains barrages sont tout simplement mal positionnĂ©s, ont un rĂ©servoir insuffisant ou ne peuvent pas ĂȘtre utilisĂ©s sous peine de priver d'eau les agriculteurs qui misent la tendance est plutĂŽt Ă  dĂ©molir les vieux barrages. En 2018 et 2020, les barrages de Vezins et de La Roche-qui-Boit en Normandie ont ainsi Ă©tĂ© dĂ©truits afin de redonner Ă  la riviĂšre son aspect initial. Retour Ă  la nature ou production d'Ă©nergie propre demeure le dilemme qui agite la communautĂ© Ă©cologique.
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Lebarrage de La Roche-Qui-Boit date de 1919. Il s'agit d'un barrage à voûtes multiples et contreforts de 15 m de haut et 125 m de long. Sa production est équivalente à la consommation de 1
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